
Ce matin, on m’envoie cette vignette accompagnée du message suivant :
« Je ne sais pas si on peut parler de biais cognitif ou plutôt de manque de contextualisation mais c’est souvent ce qu’il se passe : on juge sans tenir compte de l’environnement global. »
En tant que globaliste, cela m’a tout de suite parlé et ma petite voix m’a suggéré d’en faire un article.
Alors me voilà, en train de surfer sur l’élan de motivation de ce samedi matin.
L’illustration d’une tendance bien ancrée
Que nous montre cette vignette ?
On y voit un koala qui s’accroche… Non pas aux branches, mais à ce qu’il lui reste de tronc, pendant que deux personnes évaluent son comportement qu’elles jugent inadéquat et lui attribuent un trouble psychique.
C’est peut-être le cas. Je veux dire que, peut-être que ce Koala, en détresse, a développé un trouble psychique ; quand on voit à quel stress environnemental il semble devoir faire face…
Certain(e)s pourront d’ailleurs y voir un clin d’œil au programme Mental Health First Aid porté en France par l’association Premiers Secours en Santé Mentale France et dont la mascotte est justement un koala.
Cette vignette met surtout en perspective deux façons de regarder la situation, deux points de vue.
Il y a celui de ces deux personnes qui ressemblerait à peu près à cela :
Et celui du cadre qui nous ai proposé, qui implique un certain recul.
Où est-ce que je veux en venir ?
La réaction de ces deux personnes fait tout particulièrement écho à ce que je peux observer dans mon quotidien professionnel : une vision réduite à l’individu. C’est notamment le cas dans les situations de souffrance au travail et autres processus tels que le burn out. Des analyses (très) hâtives à partir d’un champ visuel amputé d’un certain nombre d’éléments.
Tout cela est fortement lié à notre tendance à fonctionner en mode automatique et à nous laisser influencer par des croyances encore trop bien enracinées.
Des automatismes à contourner
Cette vignette illustre en fait un biais cognitif appelé « erreur fondamentale d’attribution ». Ce biais renvoie à la manière dont nous expliquons les comportements des autres et notre tendance à surestimer les facteurs individuels intrinsèques (causes internes) ; et ainsi à sous-estimer les facteurs extrinsèques (causes externes, contexte).
S’il est parfois bien utile de trouver des raccourcis pour aller plus vite, il n’en reste pas moins que les biais cognitifs peuvent nous tromper. Et ce que l’on sait des sciences cognitives et comportementales, c’est que notre manière de penser la situation va retentir sur notre manière de la gérer.
Alors comment moins se tromper me direz-vous ?
En mettant votre fonction « pilotage automatique » en pause pour prendre le temps de la cogitation et ainsi passer de la réaction automatique à la réponse consciente.
Regarder autour de soi, prendre de la hauteur et adopter une posture « méta », c’est ce que j’appelle « gratter autour » et en conscience de préférence. C’est notamment cela être « globaliste » puisqu’un individu ne peut être considéré isolément de l’environnement dans lequel il évolue.
Nous sommes en effet en interaction permanente avec notre système environnemental. Il est donc indispensable de comprendre que nous ne devons pas seulement nous intéresser à l’individu mais aussi à son environnement et au collectif auquel il y peut appartenir au travers d’une approche systémique. C’est on ne peut plus vrai dans le milieu du travail qui constitue un micro-système.
Des systèmes à préserver
Que ce soit au sein de nos micro-systèmes emploi, maison ou autre, nous gagnerions à travailler conjointement pour en maintenir l’équilibre ; et ce d’autant plus que ces micro-systèmes sont eux-mêmes en interaction permanente.
Prendre conscience de notre interdépendance et apprendre à collaborer apparaît comme un levier de créativité face aux enjeux de santé publique qui nous concernent tous, de près ou de loin.
Ne confondons pas autonomie et indépendance, car cette dimension d’inter-être va même au-delà des membres de notre seule espèce.
Vers une seule Santé
Cette approche nous propose de considérer notre interdépendance pas seulement vis-à-vis de l’espèce humaine, mais aussi de tout le vivant ; et de nous amener jusqu’à collaborer avec nos écosystèmes.
Pourquoi ? Parce que d’après l’OMS environ 60 % des maladies infectieuses émergentes notifiées dans le monde proviennent des animaux, qu’ils soient sauvages ou domestiques.
Considérons donc, pour finir, la situation de ce Koala au premier degré. Cela devrait nous inviter à élargir encore un peu plus le champ de notre conscience puisqu’il n’est pas impossible que ce qui pourrait être mis en place pour ce dernier, en passant par la préservation de son environnement et notamment de son habitat, amène certains co-bénéfices, c’est-à-dire un impact favorable sur la santé humaine.
La conscience… La conscience, vous dis-je !
Dr Flow
Source :
